Culture de langue

Les différents patois de la langue française

Plan de l'article

Définir les patois par rapport au français 

Différencier patois et langues régionales

Si la France se trouve bien au carrefour de l’Europe du Nord et de celle du Sud, cela se confirme également dans sa diversité linguistique. Au Nord de la Loire, les différents patois français sont appelés langues d’oïl. Au Sud de ce fleuve, se trouvent les langues d’oc. 

De ces deux grands groupes, on peut retirer une quinzaine de patois français ayant chacun plusieurs variantes locales. Il faut cependant différencier les patois de la langue française des autres langues parlées en France, plus ou moins proches du français. Ainsi si le lorrain ou le gascon peuvent être considérés comme des patois, la langue basque n’a pas grand-chose à voir avec le français et les langues germaniques (alsacien, flamand, francique), celtique (breton), romanes (occitan, corse, provençal), bien que plus proches, ne peuvent être caractérisées comme des patois. 

Le patois est donc un dérivé linguistique du français par sa grammaire, son vocabulaire, sa prononciation et son accent, propre à une région voire une localité lui donnant son identité et sa culture. 

Les patois face à la normalisation linguistique de la France 

Le patois a souvent été connoté négativement du fait de la normalisation linguistique que l’Etat centralisé français s’est efforcé de mettre en place depuis le Traité de Verdun de 843 qui crée la Francie occidentale, écrit en langue vernaculaire, l’ancien français, jusqu’à l’école de la IIIème République qui interdit le patois dans les cours de récréation dès l’école primaire. 

Mais cela passe aussi par une normalisation étatique via le Traité de Villers-Cotterêts de François Ier qui fait du français en 1539, la langue officielle de l’Etat, et par l’Académie française de Richelieu de 1631, dévalorisant toute autre création littéraire que celles en langue française. Au XVIIème siècle, on n’hésite donc pas à critiquer l’œuvre de Rabelais, empreinte des divers patois de langue d’oïl, notamment ceux tourangeaux. Dès lors, les différents patois ont été mis à mal par la normalisation progressive du français. 

Le Français constitué à partir des patois régionaux 

Cependant, ces patois sont à l’origine de la langue française. En réalité, ils n’en sont pas des dérivés mais les constituants : le français leur a emprunté leur grammaire, leur vocabulaire, et a ainsi sélectionné davantage certains patois plutôt que d’autres, notamment les patois de langue d’oïl, au cœur des régions occupés par l’Etat central, les Rois de France puis la République française, qui ont normalisé le français comme langue étatique puis comme langue nationale. 

Ainsi, certains patois de langue d’oïl ont pratiquement disparu, intégrés à la langue française, comme ceux tourangeaux ou franciliens qui constituent aujourd’hui une grande partie du vocabulaire français. Par exemple, le patois québécois est considéré comme le descendant des patois franciliens qui ont complètement disparu sur le territoire français. 

A l’inverse, le poids des patois de langues d’oc est plus important dans les régions au Sud de la Loire. Prenons l’exemple du béarnais, un des patois gascons du Sud-Ouest de la France, qui continuent d’influencer l’identité culturelle locale et régionale au quotidien. Le béarnais va même jusqu’à revendiquer sa particularité par rapport aux patois gascons. 

Les multiples discriminations liées au patois 

Le patois comme poids provincial

Paris devient donc ce centre français stigmatisant les patois au travers de ses institutions centralisées et nationales qui dévalorisent les spécificités linguistiques régionales. Dès lors, parler un patois, une version déformée du français, c’est ne pas adhérer au projet étatique de la France centrée autour de Paris et de la langue de Molière, c’est être un étranger comme en témoigne l’importance des patois suisses et wallons dans les identités nationales de ces deux pays voisins.

Cela produit une stigmatisation du provincial qui arrive à la Bel-Ami pour conquérir la capitale au XIXème siècle et qui se doit de gommer ses expressions et son accent normands. Au-delà de l’opportuniste qui abandonne son patois, on peut aussi penser à la représentation du benêt qui le garde comme Bécassine qui arrive Gare Montparnasse et qui est à l’Ouest, en Bretagne où elle aurait laissé sa tête mais gardé sa langue. 

Encore aujourd’hui, pour accéder à un poste de représentation ou dans les médias nationaux, on observe des critères de langues officieux discriminant les accents et les patois, mais aussi l’orthographe, la grammaire et le vocabulaire. C’est pour cela que la solution OrthographIQ vous propose une formation en ligne, courte et efficace, pour combler vos lacunes linguistiques et vous assurer ainsi un meilleur contrôle du français. 

Le patois comme poids social

La normalisation progressive du français a induit une forme de barrière à l’intégration sociale et nationale des Français. Avec la République, on poursuit l’œuvre de l’Académie française pour l’ensemble de la société et plus uniquement pour les Belles Lettres : n’est Français et bon citoyen que celui qui parle la langue nationale et la promeut. 

Dès lors, les patois sont dévalorisés par les autorités républicaines alors qu’ils se mêlent de plus en plus au XIXème siècle du fait de la migration rurale qui rassemblent les populations dans les villes sous la langue commune et nationale : le français. Le patois se voit alors comme un français avec un accent rauque et rustre, un vocabulaire familier, étrange voire étranger et des fautes de grammaire à répétition. 

L’exemple du patois lorrain 

Prenons l’exemple du patois lorrain dont le vocabulaire mais aussi les particularités grammaticales sont reprises par tout l’argot de la langue française et marquent ainsi souvent les milieux populaires. Les termes « chourave » pour voler, « daron » pour père, « cailler » pour faire froid, « gros » pour ami, sont en fait de vieilles expressions françaises des patois lorrains et sont significatifs aujourd’hui d’une origine sociale populaire ou d’un vocabulaire associé à la jeunesse. 

Grammaticalement, les spécificités lorraines sont considérées comme des fautes de langue ou relevant d’un français oral : le fameux « Viens voir ! » ou « Viens chercher ! » nous vient tout droit de ces patois qui l’utilisent constamment avant tout verbe à injonction. Dans la prononciation, on remarque ainsi de nombreuses abréviations et une accentuation sur les consonnes comme : « Qu’est-ce qu’t’as ? ».

En plus d’être discriminés par leur origine provinciale identifiable par leur patois dont le poids est également présent dans leur usage du français, les Lorrains sont associés à un vocabulaire et un accent populaires qui ne leur permettent pas de sortir de certains clichés ruraux notamment au XIXème et XXème siècles lors des migrations successives vers les capitales régionales, Metz ou Nancy, et vers Paris. 

Le patois comme marqueur des identités régionales et locales actuelles 

Un retour aux sources par le patois 

Pour autant, il faut noter que depuis les années 1980-1990, on assiste à un retour aux spécificités régionales au travers de la promotion de la particularité linguistique locale. Cela a notamment pour objectif la promotion touristique et patrimoniale de ces localités. On peut penser par exemple au Breiz’Cola qui se réfère aux patois bretons. 

Cela s’accompagne d’un retour des patois à l’école avec la possibilité pour les élèves du secondaire de le passer au baccalauréat en seconde langue. Cela permet également aux jeunes générations de discuter avec les vieilles qui parlent également les patois, a contrario de celles des parents à qui on a interdit de les parler. 

Le patois comme témoin des métissages : les créoles d’Outre-mer

Les patois d’Outre-mer sont bien la preuve que la langue est avant tout un outil identitaire. En effet, au sein de la Guadeloupe ou de la Réunion, plusieurs patois se sont succédés et coexistent. Par exemple, si à l’origine, les patois majoritaires dans les Caraïbes étaient composés essentiellement d’espagnol et de français, ils se sont transformés au contact de l’anglais et des langues africaines. 

Le cas de La Réunion est particulièrement intéressant. En effet, cette dernière ayant connu des vagues migratoires très différentes (européennes, africaines, indiennes, arabes et chinoises), elle voit encore aujourd’hui plusieurs patois coexister et témoigne d’un réel métissage de sa population comparé aux territoires d’Outre-Mer des Caraïbes. De plus, elle voit certaines particularités se développer comme le patois des marrons, peuple d’esclaves qui ont fui l’esclavage dans les cirques volcaniques des Hauts de la Réunion. 

La création de nouveaux territoires par la langue : les patois des quartiers 

Ces dernières années, c’est dans les quartiers des banlieues françaises que la création linguistique a été la plus forte puisqu’il y coexiste des populations immigrées et descendantes d’immigrés aux influences linguistiques et culturelles diverses. On observe à cet égard un véritable mélange linguistique qu’on peut caractériser de patois en tant qu’il dérive du français et qu’il est discriminant dans la vie de tous les jours. 

De plus, ces patois des quartiers se sont imposés dans la vie culturelle des français au travers du rap qui les véhicule et les diversifie. Par conséquent, tout en étant discriminant pour ceux qui les pratiquent, ils sont en train d’influencer et de changer la langue française. De plus, le rap français devient l’espace privilégié des échanges linguistiques au sein de la francophonie et on pourrait se demander si ces patois des quartiers ne sont pas en train de supplanter le français comme lingua franca de la francophonie à l’échelle mondiale. 

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Publié le  
23/12/2021
 dans la catégorie :
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