On dit souvent que les générations Y et Z sont trop souvent sur leur téléphone, leur ordinateur et leur tablette. Résultats : les jeunes ne liraient plus, ce qui expliquerait leur piètre niveau en orthographe. Cette rumeur largement relayée reflète effectivement une réalité. Selon l’Ipsos pour le Centre National du Livre, rien que de 2019 à aujourd’hui, la part des Français qui lisent au moins un livre par an a baissé de 6%. Chez les jeunes, la baisse est d’autant plus flagrante avec un déclin de 11% ! Cette baisse est effectivement intimement liée à la baisse de niveau en orthographe. Selon Le Monde, pour une dictée équivalente en 1987 et 2015 donnée à des élèves de CM2, nous sommes passés de 10,6 à 17,8 fautes en moyenne. Le digital serait donc à l’origine d’un chaos orthographique ? Il ne faut pas rester sur ce constat si catégorique. Il suffit d’un exemple pourtant pour nuancer ce bilan.
Connaissez-vous OrthographIQ ? Cette plateforme digitale vous propose des exercices quotidiens afin de progresser en orthographe. Alors, le digital est-il réellement l’ennemi de l’orthographe ? Pas si sûr. C’est bien grâce à son format numérique qu’OrthographIQ est particulièrement efficace. Si vous l’utilisez, vous recevrez un mail tous les jours avec un exercice adapté à vos besoins. En effet, un algorithme permet de repérer vos lacunes selon les fautes que vous avez commises les jours précédents !
Le constat n’est donc pas si simple. Le digital a vraisemblablement un impact ambivalent sur le niveau en orthographe des individus qui l’utilisent. Ce qui est certain en tout cas c’est qu’il est aujourd’hui omniprésent et qu’il n’est pas prêt de disparaître. Les élèves, professeurs et même adultes en quête de progression eux-mêmes vont devoir composer avec tout au long de leur formation. Cette nouvelle réalité serait peut-être l’occasion de repenser l’enseignement de la langue de Molière ?
Les réels impacts négatifs du digital sur l'orthographe
On ne peut pas se voiler la face, le digital semble véritablement avoir un impact négatif sur l’orthographe. La lente baisse de niveau coïncide effectivement avec l’apparition des formats digitaux. Ce fait semble avoir plusieurs explications : les troubles de la concentration et les abréviations qu’engendre le digital.
Les troubles de la concentration
Les pédiatres l’affirment depuis maintenant plus de dix ans, les contenus digitaux, bien qu’ils divertissent les enfants, favorisent les troubles de la concentration. En effet, il semble que deux raisons principales se dégagent pour expliquer cette tendance.
Il-y a d’abord une raison physique voire physiologique. Passer du temps devant la lumière d’un écran abîme les yeux et notamment la rétine. Le problème est d’autant plus important chez les enfants que leur corps est encore en cours d’évolution. Ainsi, des yeux fatigués ne permettent pas une bonne concentration pour apprendre dès le plus jeune âge et pour se concentrer sur son orthographe en général.
La seconde raison est d’ordre addictive comme l’a montré France Culture dans une émission de 2018. Selon les deux addictologues Maud Lemercier et Jean-Pol Tassin, l’addiction aux contenus digitaux est une réalité pour plusieurs millions de français. Cette addiction implique inévitablement des troubles de la concentration, tout comme la fatigue oculaire.
Abréviations intempestives à l'écrit
L’utilisation de matériel digital est souvent synonyme de rapidité et de recherche d’efficacité. Lors d’échanges de textos, voire même de mails, l’utilisation d’abréviations est de plus en plus courante. Ce type d’échanges étant quotidien, les individus ont tendance à oublier la véritable orthographe des mots. Il est bien loin le temps des lettres appliquées, que ce soit dans un contexte professionnel, amical ou intime.
Il existe quelques exemples frappants de cette course à la rapidité dans l’orthographe lorsque l’on utilise des supports digitaux. Le plus connu est bien sûr le fameux « sa va ? ». Il faut bien comprendre que cette faute récurrente n’est pas anodine. On remarque en effet que le -s se situe particulièrement proche du -a sur un clavier. Le -c, lui, se situe plus loin, d’autant plus qu’on doit lui ajouter une cédille.
C’est donc en favorisant des échanges rapides et efficaces que le digital semble aussi mettre à mal l’orthographe.
Le digital, un outil pour progresser
Il semble pourtant que considérer le digital comme uniquement un danger pour la langue française et son orthographe est trop réducteur. Les dangers déjà relevés sont d’ailleurs remis en cause par certains spécialistes. Si les contenus digitaux peuvent engendrer des troubles de la concentration, ils peuvent aussi, par leur dynamisme, développer les réflexes chez l’enfant. D’ailleurs, le constat sur le danger des abréviations est lui aussi remis en cause.
Et si les abréviations n’étaient pas si graves ?
Selon la psychologue du langage Josie Bernicot, l’usage répété voire abusif des abréviations n’est pas un signe de faiblesse en orthographe, au contraire. Selon elle, les abréviations traduiraient plutôt une aisance dans l’utilisation de la langue. Les individus à l’aise en orthographe se permettraient ainsi des transgressions car ils connaissent la langue comme leur poche. Le digital serait un moyen de jouer avec la langue et de l’apprivoiser. Communiquer par voie digitale, au contraire de fragiliser les capacités orthographiques des individus, leur permettrait plutôt de s’entraîner inconsciemment.
Internet : la plus grande bibliothèque du monde
On sait maintenant le lien étroit qu’entretiennent lecture et orthographe. Or, finalement, la lecture est illimitée sur internet. Ça n’est pas le cas dans une bibliothèque. La bibliothèque physique est limitée, la bibliothèque digitale est illimitée. On peut donc lire beaucoup plus sur des plateformes digitales et en plus avec des contenus bien plus variés.
L’infinité des contenus dans l’univers digital a d’ailleurs été matérialisée par un certain Jonathan Basile. Après sa lecture de La Bibliothèque de Babel par Jorge Luis Borges, qui conte l’histoire d’une bibliothèque infinie, il s’est décidé à créer cette bibliothèque. Le seul moyen pour accomplir ce projet fou a été de le faire sous format numérique. Cela montre bien l’infinité des possibilités de lecture, et donc de potentialités pour entraîner son orthographe, dont dispose le monde digital. Si vous voulez découvrir la « bibliothèque de Babel » de Jonathan Basile, le site web est fonctionnel : https://libraryofbabel.info .
Le digital et ses nouveaux formats, l’exemple des podcasts
Mais ce n’est pas que par la lecture que le digital peut être efficace pour s’entraîner en orthographe. Un nouveau format plus récent est lui aussi particulièrement prisé. Il s’agit du podcast. Par un format ludique, il permet d’apprendre avec plaisir et sans effort. Dans le métro, dans la rue ou dans votre lit, le podcast s’écoute partout avec la même aisance. Voici donc une liste non exhaustive de 9 podcasts qui vous feront progresser en orthographe et dans votre maîtrise générale de la langue de Molière :
- « La langue bien pendue », émission présentée par Marielle Lieber-Claire, disponible sur la plateforme Ausha.
- « Autour d’un mot », émission présentée par Guillaume Terrien, disponible sur Spotify.
- « L’histoire de l’orthographe » dans l’émission « La fabrique de l’histoire », Émission présentée par Emmanuel Laurentin, disponible sur le site web de France Culture ou l’application Radio France.
- « La langue française, une histoire politique » dans l’émission « Le cours de l’histoire », émission présentée par Xavier Mauduit, disponible sur le site web de France Culture ou l’application Radio France.
- « Parler comme jamais », émission présentée par Laetitia Véron, disponible sur la plateforme Binge.
- « De vive(s) voix », émission présentée par Pascal Paradou, disponible sur Google Podcasts et publiée par RFI (Radio France Internationale).
- « Sur le bout de la langue », émission présentée Aurore Vincenti, disponible sur le site web de France Inter et sur l’application Radio France.
- « Chronique langue », émission présentée par Laélia Véron, disponible sur le site web de France Inter et sur l’application Radio France.
- « Fais dix vers », émission présentée par Arthur de la Rature, disponible sur Spotify.
Vers un nouvel enseignement qui inclut le digital.
Il n’y a donc pas que du négatif dans le digital vis-à-vis de l’orthographe et de la langue française en général. Il n’est pas utile de se plonger dans un refus catégorique de celui-ci, d’autant plus qu’il est de plus en plus présent dans notre quotidien. Ne pas prendre en compte le digital dans l’éducation des plus jeunes serait véritablement une erreur. Cela laisserait les jeunes gérer seul ce nouveau facteur quotidien plutôt que de les accompagner. L’accompagnement permettrait ainsi de ne garder que les côtés positifs du digital et d’effacer, au moins en partie, les troubles de la conversation et les abréviations abusives. La prise en compte du digital dans l’enseignement peut donc en faire un pilier éducatif.
L’éducation nationale semble d’ailleurs avoir compris cette nécessité puisqu’elle dit se diriger « Vers une généralisation du numérique à l’école ». Le digital peut donc aider la progression en orthographe mais aussi dans toutes les autres matières.
Sources :
https://centrenationaldulivre.fr/donnees-cles/les-francais-et-la-lecture-en-2021