🤔Qui réforme l’orthographe en France ? Pourquoi ?
🌸Découvrez par exemple comment « nénuphar » est devenu « nénufar » en 1990. Cette nouvelle écriture a cristallisé pendant près d’un an une polémique qui en disait long sur le malaise provoqué par les rectifications proposées par le Conseil supérieur de la langue française.
🇫🇷Le français est de longue date assimilé à l’identité nationale. Le chambouler reviendrait donc à ébranler les bases de la société. Sur le métier depuis plus de 30 ans, la réforme de l’orthographe a pourtant progressivement rattrapé ce qui, en matière de langue, fait réellement autorité : l’usage. 🖋️
Orthographe réformée en France : une référence…pas obligatoire
📜Plusieurs réformes de l’orthographe ont eu lieu depuis la création de l’Académie française au XVIIe siècle.
⚔️Pourtant, lorsqu’en 1990 le gouvernement a sollicité de Conseil supérieur de la langue française pour résoudre « les problèmes graphiques » et « tenter d'éliminer les incertitudes ou contradictions », les protestations n’ont pas tardé à se faire entendre.
Une réforme en plusieurs temps
❌Ce chœur de reproches, qui soutenaient notamment que la réforme de l’orthographe encourage un nivellement par le bas, s’appuyait sur le caractère parfois flou et facultatif des nouvelles règles.
📕 Certes, le Conseil supérieur de la langue française a édicté les grands principes mais l’ensemble des mots qui ont réellement été impactés n’a été circonscrit que plusieurs années plus tard. En effet, le dictionnaire Le Robert met un an, après l’annonce des recommandations, à produire un document de 2 400 mots modifiés.
Recommander, mais pas imposer
✅Mais ce qu’il faut savoir, c’est que l’orthographe réformée en France est une recommandation et non une obligation. C’est pourquoi vous ne commettez pas de faute si vous écrivez encore « il paraît » avec un accent circonflexe.
🤔Qu’est-ce qui a changé en 2016 ? La réforme est officiellement applicable dans les administrations et les écoles après deux rebondissements : en 2008, les programmes scolaires stipulent que les professeurs doivent tenir compte des modifications dans leur enseignement de la langue française.
📚Mais en 2012, le Bulletin officiel (BO) rappelle que ces nouvelles prescriptions ne sauraient être imposées, ce qui crée une tolérance vis-à-vis de deux graphies possibles pour certains mots. Alors, pourquoi ne pas imposer purement et simplement cette nouvelle écriture ?
Le vrai changement, c’est l’usage de l'orthographe
✍️L’Académie française, qui a pourtant soutenu cette initiative à ses débuts, a parlé de « rectifications » plutôt que de réforme et s’est défendu de cautionner une quelconque simplification sans fondement. Autrement dit, on ne peut pas imposer aux gens ce qu’ils ne sont pas prêts à écrire.
La nouvelle écriture adoptée quand elle répond à un besoin
📈Cependant, si on prend le temps d’observer les écrits actuels, on peut relever que l’orthographe traditionnelle côtoie la nouvelle écriture. L’exemple le plus flagrant réside dans l'accord des noms composés. Ainsi, la lente évolution des pratiques absorbe à son rythme les recommandations qui semblent les plus naturelles.
Réforme de de l'orthographe et nouvelle écriture : les points essentiels
✍️Donc rassurez-vous, vous n’êtes pas obligés de faire table rase de tout ce que vous avez appris pour écrire aujourd’hui sans fautes. Mais comme les usages changent, voici ce que vous devez savoir pour être incollables sur la nouvelle écriture.
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Les nombres 🔢
Avant la réforme : on met un trait d’union entre les dizaines et les unités
Exemple : cent vingt-trois
Après la réforme : on peut désormais placer un trait d’union entre chacun des termes d’un nombre composé.
Exemple : cent-vingt-trois
Les noms composés
L’accord
Avant : il existait toute une batterie de règles que l’on ne détaillera pas ici. L’accord diffère en fonction de la nature des termes qui composent le mot : nom+nom, verbe+nom, verbe+verbe, etc.
exemple : un compte-gouttes/ des compte-gouttes (le premier mot est un verbe qu’on n’accorde pas et on compte les gouttes)
Après : les noms composés se comportent comme des noms simples : pas d’accord au singulier, -s ou -x au second mot au pluriel :
exemple : un compte-goutte/ des compte-gouttes
La soudure
Certains mots composés, affectés d’un trait d’union, s’en débarrassent.
exemple : pique-nique -> piquenique
La soudure s’impose dans un certain nombre de noms, en particulier :
- dans les mots composés de contr(e)- et entr(e)-
- dans les mots composés de extra-, infra-, intra-, ultra-
- dans les mots composés avec des éléments comme hydro-, socio-,etc.
- dans les onomatopées (ex. : tictac) et dans les mots d’origine étrangère (ex. : weekend).
Les mots empruntés à d’autres langues 🗺️
Avant : on conserve leur orthographe d’origine.
exemple : a capella
Après : ils s’accentuent et font leur pluriel de la même façon que les mots français.
exemple : à capella
👉On remarquera que l’usage prévaut, même dans ce domaine. Ainsi, le mot « pizza », complètement francisé, s’accorde déjà au pluriel comme un mot de notre langue. Personne ne va chercher des « pizze » en France !
L’accent grave
L’accent est modifié s’il permet au mot d’être conforme à la prononciation :
Avant : événement, réglementaire
Après : évènement, règlementaire
De plus, on emploie l’accent grave au futur et au conditionnel des verbes qui se conjuguent sur le modèle de « céder », et dans les formes du type « puissè-je ».
L’accent circonflexe
Il est conservé sur les voyelles -a, -e et -o et n’est plus obligatoire sur -i et -u , sauf lorsque le sens le requiert.
Avant : boîte, coût, je m’entraîne
Après : boite, cout, je m’entraine
L’accent reste nécessaire pour distinguer dû, jeûne, mûr, sûr des homonymes du, jeune, mur, sur, et pour identifier certaines formes verbales :
- il fut (passé simple)/ qu’il fût (subjonctif imparfait)
- tu crois (verbe « croire »)/ tu croîs (verbe « croitre »)
Le tréma
Le tréma est déplacé sur la voyelle -u pour indiquer qu’elle se prononce dans les mots comportant les syllabes -guë et -guï.
Avant : aiguë, ambiguë et ambiguïté
Après : aigüe, ambigüe et ambigüité
Par ailleurs, le tréma est ajouté dans les mots suivants : argüer, gageüre, mangeüre, rongeüre, vergeüre.
Les noms en -olle et les verbes en -otter
Ils s’écrivent désormais avec un seul -l ou un seul -t .
Avant : une corolle, frisotter
Après : une corole, frisoter
Il reste cependant des exceptions : colle, folle, molle, botte, crotte, hotte.
Les noms en -illier et -illière
On peut utiliser les terminaisons -iller et -illère pour éliminer un -i que l’on n’entend pas.
Avant : joaillier, marguillier, quincaillier, serpillière
Après : joailler, marguiller, quincailler, serpillère
Les verbes en -eler ou -eter
Les verbes en -eler ou -eter se conjuguent sur le modèle de « peler » ou « acheter ». « Appeler », « jeter » et leurs composés (y compris « interpeler ») font exception à cette règle.
Avant : j’étincelle
Après : j’étincèle
Laissé + infinitif
Comme celui de « faire », le participe passé de « laisser » suivi d’un infinitif est invariable dans la réforme de l’orthographe.
Avant : je les ai laissés partir
Après : je les ai laissé partir
👉Ainsi, contrairement à la Belgique ou à la Suisse, il existe en France une tolérance qui admet la présence de l’orthographe traditionnelle aux côtés de la nouvelle écriture. De quoi laisser le temps aux jeunes générations d’influer sur le futur de la langue française.